Vous avez dit « créativité » ?

Qu’est-ce que la créativité ?

La créativité donne lieu à ce que l’on appelle une invention ou une découverte (termes généralement liés à la science), une innovation (dont l’objet a vocation à s’appliquer au fonctionnement ou à l’organisation de la société des humains ou de ce qui les entoure) ou une création artistique (qui a trait à la culture des humains).

On dit aussi que la créativité est la mère de la création ou encore le ressort de l’art et de la science. La meilleure définition est sans doute « la capacité à produire du nouveau qui ait de la valeur ». 

Ces trois « applications » (invention, innovation, création) ont des caractères communs :

  • l’incertitude plus ou moins forte concernant le but poursuivi et/ou la démarche qui va y conduire. On pourrait y ajouter la dimension d’imprévisibilité ou d’énigme qui amène à forger des solutions nouvelles.
  • elles supposent toutes un travail, et plus précisément une démarche qui s’exprime par des intuitions, une envie d’entreprendre, des analyses et des choix dont le but est de réduire l’incertitude jusqu’au résultat final. Cette démarche diffère d’une personne à une autre et d’une application à une autre : celle de l’astrophysicien diffère de celle du publicitaire ou de celle du poète.
  • elles sont le fait d’un ou plusieurs individus (humains mais sans oublier les animaux !) et dépendent donc de leur capacité cognitive (intelligence, connaissance, talents, expérience) conative (personnalité, motivation, aspiration) et émotionnelle.
  • la qualité de la démarche est clé dans la réduction des incertitudes et aussi l’appréciation des résultats par les organismes qui relèvent de son domaine d’activité (voir ci-dessous). Observation, connaissance, expérience, analyses, dynamique d’échanges (interpersonnels et interdisciplinaires) et d’apprentissage, pertinence et gestion des réseaux, autant de comportements rationnels au service de l’intuition et diminuant l’incertitude.
  • ces applications s’inscrivent dans un environnement politico- socio-économique donné à l’époque considérée qui va influencer la démarche et concernent plus particulièrement un domaine (universitaire, professionnel, associatif, culturel etc.) qui répond à des règles propres d’appréciation et d’acceptation dont le succès de la démarche dépend. Notons que l’importance de ces règles est largement proportionnelle à la sphère d’application recherchée. La « culture maker » s’en dispense volontiers !
  • quand elles sont artistiques elles ont vocation à l’éternité. Il en est de même pour les inventions et découvertes scientifiques, du moins jusqu’à ce qu’un inventeur en trouve une nouvelle qui les remet en cause. Quant à celles qui relèvent de l’innovation, elles sont facteurs de ce progrès qui correspond à la résolution des enjeux de la société d’une époque considérée, lui permettant de dépasser ses limites du moment, ce qui leur vaudra souvent d’être critiquées plus tard (charbon et vapeur, pétrole et moteurs) !
  • pratiquées à titre individuel, elles sont facteur de bien-être. Elles participent au « travail libéré ».
  • elles sont des faits sociaux, influencent tous et chacun. C’est pourquoi il faut célébrer la créativité qui les génèrent et cultiver notre propre créativité.

La créativité est aussi un précieux outil au service de l’éducation et de l’insertion.

NB : cette note est inspirée du livre de Pierre-Michel Menger, Professeur au Collège de France et titulaire de la Chaire de Sociologie du Travail Créateur : « Le travail créateur. S’accomplir dans l’incertain » Éditions du Seuil 2009. Nous avons eu le plaisir de bénéficier d’échanges fructueux avec Pierre-Michel Menger à propos de son livre et de cette note.